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Poème du jour : Élégie, par Daniel Borys

"Les crépuscules, lents à regretter les jours, Cultivent dans tes yeux leurs tristesses latentes"


Coll. Jean de Palacio



Élégie

Daniel Borys (1873-19..), La Mosaïque du rêve, 1902



Les crépuscules, lents à regretter les jours,

Cultivent dans tes yeux leurs tristesses latentes,

Et l'automne, ô ma soeur, dont s'émeuvent les plantes,

Nous touche avec des doigts plus doux que le velours.


Accoudés côte à côte aux balcons poétiques,

Nous mêlons nos élans vers un but inconnu,

Et notre âme, inclinant son sourire ingénu,

Tend l'échelle de soie aux amants héroïques.


C'est l'heure de prière où les anges pieux

Passent dans les parfums et les reflets des cierges,

C'est l'heure de tristesse et c'est l'heure où les vierges

Donnent toute leur âme à baiser dans leurs yeux !...


Sous des brouillards légers comme un duvet de pêche,

La Ville éteint là-bas l'orgueil de ses palais ;

Le ciel prend des tons fins d'éventail japonais,

Et l'air a comme un goût framboisé de chair fraîche.


Des mains dont nous sentons sur nous les gestes sûrs

Délient dans notre chair d'occultes énergies,

Et la Beauté, tendant ses lèvres infinies,

Nous pénètre à travers des sens nouveaux et purs.


[...]


Le silence, plein de touchantes harmonies,

Ouvre sa crypte pure à nos recueillements,

Et nos chers souvenirs, aux routes des romans,

S'acheminent, aux bras de nos mélancolies.

© Anthologia, 2025. Tous droits réservés.

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