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"Images du jour et de la nuit", par Gustave Geffroy

"C'est la vie entière qui est mystérieuse. C'est tout ce que nous voyons, et c'est nous-même, infime partie de cette matière devenue à son tour le regard et la conscience de l'univers infini."

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Gustave Geffroy



"C'est un recueil d'images, les unes surannées, les autres nouvelles : des aspects de foules ; des silhouettes d'individus, portraits en pied ou expressions de visages ; des apparitions de femmes, au théâtre, dans le promenoir d'un music-hall, dans la rue, des réalités et des rêves ; un défilé d'ecclésiastiques d'hier et d'aujourd'hui ; des essais de divination des mystères qui passent ; des drames entrevus ou déchiffrés ; des comédies sociales qui se jouent sur le pas des portes et dans le décor des boutiques ; des scènes où les animaux ont leurs rôles de malice instinctive et d'inconscience rusée ; des descriptions d'objets qui participent à notre vie comme des petits personnages insensibles, aveugles, muets, et pourtant si éloquents, si frémissants de notre sensibilité ; des fleurs, des fruits, qui nous donnent leur parfum, leur couleur, leur poésie. Et comme fond à tant d'êtres et de choses, l'immense chaos des éléments auquel sont liés les destins de tous les êtres. Tout cela m'est apparu à toutes les heures, de l'aube au crépuscule, et du soir au matin, dans le mirage du soleil et le clair-obscur de l'ombre, dans l'éclat doré du jour et l'ombre bleuie et noire de la nuit."

Gustave Geffroy

Images du jour et de la nuit (liminaire)

1924



Nocturne parisien


On ne songe guère au mystère des grandes villes la nuit. On a l'habitude de son parcours. Chacun est rassuré par la routine, ne s'arrête pas un instant à l'idée qu'il peut être attaqué sur son chemin de tous les jours. Chaque maison, chaque porte, sont familières. On se sait dans le repos de l'existence civilisée. Les becs de gaz, la lanterne d'un poste, d'un commissariat, la rencontre d'un gardien de la paix, parlent de voirie savamment réglée, de prévoyance administrative, de protection gouvernementale. Le promeneur nocturne est dans le connu, et c'est ce connu qui lui donne sa sécurité.

Faites, un soir, modifier son itinéraire à ce tranquille passant qui accepte si facilement la

rentrée journalière dans le faubourg lointain, dans le quartier mal famé, au long de quelque boulevard extérieur ou proche des fortifications. Envoyez-le dans une direction opposée, par des rues qu'il ne connaît pas, ou qu'il n'aura encore vues que de jour.

Immédiatement, les choses vont, pour lui, changer d'aspect, et si c'est un nerveux sensible aux influences extérieures, un affiné habitué à ressasser et à développer ses impressions, il se sentira en proie à un malaise qu'il croyait ne devoir éprouver que sur les routes des forêts, dans les défilés de roches, dans les chemins creux, d'où l'on entend de si lointaines voix de chiens aboyer à l'entrée d'un village endormi.



La Toussaint


Le 1er novembre, jour de la Toussaint, est en harmonie avec le décor d'automne : un soleil rouge noyé dans la brume, — une atmosphère rayée de pluie. Les dernières promenades de la saison ont lieu aux cimetières. La foule s'en va, vers les cyprès et les tombes, comme elle va, au printemps vers la rivière moirée et le renouveau des feuilles.

Les tombes illustres sont entourées de groupes, la curiosité les assiège, de même que les défilés officiels et les grands enterrements. Les tombes luxueuses sont ornées à profusion, elles reçoivent les visites, comme autrefois ceux qu'elles logent voyaient venir les congratulations, les bonbons et les fleurs des fêtes et les premiers janviers. De pauvres tombes sont délaissées, connaissent le même sort d'oubli et de dédain, qui fut le sort, dans la vie, de ceux qu'elles récèlent à jamais.

C'est la prolongation sociale, la vie encore affirmée par la mort.

C'est aussi peut-être le charme et la beauté de la fête des Morts. Le sort de l'individu disparaît, l'idée nette de la destinée humaine surgit. La terre est un immense cimetière. Nous marchons sur un charnier, sur un sol fait de l'amoncellement des générations. Tant mieux si nous avons la conscience que nous sommes de l'humanité continuée, et que nous serons continués à notre tour. Nous qui vivons pendant un moment, nous représentons tout ce qui nous a précédé et nous annonçons tout ce qui nous suivra.

La fête des morts, c'est aussi la fête des vivants, d'aujourd'hui et de demain.



Jour des morts


La vie, la mort, elles se confondent. Depuis l'instant de notre naissance, chacun de nos mouvements nous rapproche de la tombe. Avant même d'être nés, nous étions condamnés à la disparition par la loi de transformation perpétuelle qui régit l'univers. La songerie, d'ailleurs, pour peu qu'elle s'arrête sur ces fatalités, ne distingue plus guère ce qui est vivant de ce qui est mort, dans le grand ensemble des choses. Tous les morts vivent en nous, et nous, nous sommes déjà morts, et tous ceux qui nous suivront.

L'usage existe de ne réfléchir à ce destin qu'une fois par an. A date fixe, au début du gris novembre, il y a un jour, qui est un jour férié, où la foule part pour la promenade des cimetières, où les plus oublieux ornent comme un autel la pierre tombale sur laquelle croissent pendant tout le reste de l'année les herbes folles et les tristes scabieuses.

La veille, peut-être, on a prévu cette visite annuelle, et le lendemain encore, on en aura le souvenir. Beaucoup règlent ainsi, en une fois, au jour convenu, le compte de leurs regrets et de leurs mélancolies, et c'est le calendrier qui les rappelle aux convenances de leur deuil. Pour ceux qui n'oublient pas, ils n'ont besoin ni du glas des églises, ni de l'odeur amère des chrysanthèmes. Ils ont en eux leurs tombes et leurs immortelles, et leur pensée encore vivante ressuscite sans cesse et sauvegarde la pensée des morts.



Renouveau


Les arbres en fleurs sont une fête pour les yeux et l'esprit. Que sur ces branches noires apparaissent les pétales blancs et roses, que les couleurs et les parfums sortent instantanément de ce bois qui semblait mort, et ceux qui se satisfont ingénument des phénomènes naturels sont confirmés dans l'idée que toute observation et tout rêve trouveront une éternelle subsistance.

Dans tout ce qui nous entoure, ce qui vit et revit, disparaît pour reparaître, évolue, se transforme sans cesse, alors que nous avons à peine le temps de dire notre surprise de cette vie universelle, perpétuellement renouvelée, cette branche fleurie ne dépasse-t-elle pas les conceptions les plus audacieuses sur la spiritualité des guéridons, le magisme, l'envoûtement, et autres fariboles ? C'est la vie entière qui est mystérieuse. C'est tout ce que nous voyons, et c'est nous-même, infime partie de cette matière devenue à son tour le regard et la conscience de l'univers infini.

La nature n'a que faire de nos arrangements, de nos théories, de tout ce que nous essayons d'élever contre elle. Elle nous possède et nous garde malgré nous. Elle est inconsciente et fatale, et notre mal vient de ce que nous essayons de nous séparer d'elle. L'unité de tout est absolue, c'est un leurre que de nous arrêter aux différences et aux détails. Nous obéissons encore aux impulsions et aux rythmes naturels, alors que nous croyons arborer des originalités et des volontés. L'agacement et la fureur de ceux qui se révoltent contre ce qui existe viennent de ce qu'ils croient apercevoir une personnalité à travers ces forces obscures auxquelles ils sont en proie. Ils se figurent répondre à des ordres, à des menaces, à des ironies, alors qu'ils n'ont autour d'eux, sans notion de commencement, de fin, de durée, que le torrent inépuisable de la vie. Mieux vaut accepter la perpétuité de ce mouvement universel, l'harmonie et l'équilibre qu'il crée, et se résigner au rôle partiel et nécessaire que nous jouons dans l'ensemble. Ce que nous croirons inventer en dehors de cela n'existera pas. Il n'y a pas à inventer, il n'y a qu'à découvrir.



Les paysages du ciel


Toujours les paysages du ciel ont parlé éloquemment aux yeux et à l'esprit des hommes. Les nuages fantasmagoriques revêtent toutes les formes, et Hamlet peut y montrer à Polonius ce qu'il veut, le chameau et la belette.

Ce sont des figures perpétuellement en mouvement, des sculptures précises qui s'évanouissent sans cesse dans le rêve, des prairies et des montagnes, des forêts et des fleuves, et c'est encore et toujours la mer, avec ses retombées de vagues, ses hautes marées, ses déferlis sur les grèves désertes. Combien l'avide espoir de connaissance qui est en nous sera-t-il excité s'il se reproduit à travers ces mirages un événement précis, comme la rencontre du soleil et de la lune. Tous les visages se lèveront vers cette incompréhensible allée et venue des globes lumineux. Ce passant qui s'arrête, se dit bien qu'il ne sera jamais qu'un voyageur platonique de ces étoiles, de ce soleil, de cette lune, ni plus ni moins étrange que cette terre. Il reconnaît que tous les décors de féeries des nuages, c'est de l'eau en suspension dans l'atmosphère, une pluie prochaine, un orage possible. Il reste pourtant en contemplation, il garde une inquiétude et un dépit, il ne se résout pas à la sagesse de l'indifférence.

Quel être n'est pour ainsi dire obligé de s'arrêter devant cet immense inconnu qui nous enveloppe, devant le mystère de la nuit criblée de feux ? Les religions décident qu'il n'y a pas de mystère, apportent des textes de lois et des paroles sans réplique, mais après comme avant, le mystère persiste, et l'homme reste anxieux devant le mouvement permanent qui a pris une signification de mécanisme, l'infinité des combinaisons qui semble une illustration géométrique de l'énigme de la nature.

Cet homme peut éprouver une fierté pour avoir conçu l'idée de l'infini, mais aussi une surprise et une douleur en apercevant nettement qu'il ne pourra jamais se rendre un compte exact de sa conception. Pourquoi l'a-t-il en lui, puisqu'elle dépasse son esprit ? Les religions répondent hardiment, mais l'homme ne se soucie plus d'une affirmation qui n'est qu'une forme naïve de l'ignorance universelle. Il garde son inquiétude, et il vit.

Il vit en faisant son oeuvre alternativement bonne et mauvaise. Il transforme. Il cherche de mille façons le bonheur. Certains ont découvert qu'il ne fallait pas chercher hors d'eux-mêmes, qu'il fallait accepter comme des lois les formes de la vie, qu'il n'y avait qu'à regarder et qu'à apprendre. Tous les mystères sont partout, et nul rêve ne dépassera le réel. Respectons la vie sous toutes ses formes, c'est la conclusion où nous arrivons après avoir scruté l'espace lorsque nous ramenons nos regards auprès de nous.

La vie est d'une beauté complexe. Savoir protéger tous ses essais, toutes ses faiblesses, faire de cette vie une science et une poésie, telle est l'oeuvre possible pour l'homme obligé de chercher sa fin en lui-même. Continuons notre course de planète vivante en compagnie de la lune morte, qui s'anime chaque soir sous la lumière du soleil encore vivant.



Un arrêt


Malgré lui, par le fait du calendrier, tout homme devrait connaître un arrêt de la vie, un retour sur lui-même, un examen de conscience aux dernières heures de l'année.

Comme sur la scène des théâtres, il se jouerait en lui une manière de revue des événements passés. Représentation intime et profonde, si l'intéressé veut être son spectateur attentif, s'il regarde avec passion les étranges personnages qui défileront devant lui, incarnant les états successifs de son individu. Il en est parmi eux qu'il reconnaîtra à peine, ou qu'il ne voudra pas reconnaître, s'il est oublieux ou hypocrite, car le phénomène de dédoublement ne se manifeste pas seulement par la différence de la pensée à l'action. L'homme se regarde aussi penser, et peut se surprendre hypocrite. C'est le retour sur soi-même. La mélancolie, d'abord de l'année vécue, puis du millésime qui va changer, de la pénombre qui gagne insensiblement, la chute lente de la vie qui ressemble à la chute du jour.

Au total, le plus satisfait de lui-même devrait être forcé d'enregistrer des regrets, sinon des remords. A la condition que celui-là soit un être conscient. Cette conscience, si lentement formée, dont l'instant précis d'éclosion est impossible à dire, est une terrible exigeante. Elle projette dans les profondeurs de nos actes, de nos pensées et de nos songes, une lumière à jamais vive et pure, impossible à éteindre dès qu'elle s'est allumée en quelque esprit. Celui qui la possède est désormais en lutte avec l'instinct, et il sait que s'il se met en règle avec lui-même, il sert l'humanité tout entière, Examen de fin d'année semblable à l'Examen de minuit de Baudelaire. Qui ne s'ensevelirait dans les ténèbres ?

Quelques-uns peut-être se disent cela à l'arrêt du trente-et-un décembre, mais combien l'ont oublié dès le premier janvier !



Au bord de la mer


La raison de notre amour pour la mer, on la cherche et on la trouve dans le spectacle de ce perpétuel mouvement qui nous fait croire à une sorte d'âme révoltée et inquiète des flots. Des rapports évidents existent entre l'unité humaine et l'ensemble des choses, et nous sentons en nous, instinctivement ou avec réflexion, les mêmes rythmes que nous percevons dans l'espace. Lorsque nous regardons les croissances du flux et les décroissances du reflux, c'est encore nous que nous voyons, c'est de notre personnalité identique à l'univers que nous prenons conscience. Toutes les parcelles de la matière, même celles qui paraissent s'être détachées, et qui se sont organisées avec la faculté de déplacement, même celles qui sont arrivées à un état cérébral qui leur permet le voyage hors du visible, toutes continuent de participer à la vie de la planète, de faire partie du système où la terre évolue. Nous sommes tous, hommes qui avons pu nous croire le but, la fin de l'univers, nous sommes tous de petites Terres, c'est-à-dire des points de la Terre soumis aux mêmes conditions vitales que les molécules en course avec nous dans l'infini.


Je ne sais si ces observations ont déjà été rêvées, entrevues, écrites. Je sais qu'elles naissent en moi chaque fois qu'il m'est donné d'apercevoir l'ensemble d'un paysage, la rondeur du globe, chaque fois, surtout, que le cercle de la mer m'apparaît au loin, que l'existence de l'eau se révèle tout près par le perpétuel recommencement de son effort. Nous amplifions, nous imaginons sans doute lorsque nous parlons de la volonté d'un élément, lorsque l'hérédité des premières religions de nature qui en est notre esprit aryen se manifeste. Nous nous complaisons à croire à l'acharnement du vent qui se jette contre les obstacles, qui s'entête contre un arbre, contre une porte, qui s'introduit perfidement dans un interstice, dans une cheminée. Nous percevons la colère patiente de l'eau qui revient sans cesse ronger la même digue, se brise contre le même roc jusqu'à ce qu'elle l'ait émietté, usé, emporté avec elle, à force de revenir à la charge pendant un siècle, pendant des siècles. C'est, croyons-nous, par habitude d'intelligence, par goût des entités, par extension mythologique et abus des mots, que nous voyons ainsi. A bien analyser et pénétrer ce sentiment, il doit y avoir autre chose la perception confuse d'une commune origine.

Ce vent qui circule, cette eau qui s'en va et revient, ne sont pas évidemment animés des passions et des sentiments que nous leur prêtons. Mais c'est de ces grandes agitations qui font le tour de la Terre, de ces grands oscillements d'eau, c'est de toute la vie des choses, non complètement pénétrée encore, c'est de toute cette force que nous définissons

attraction, pesanteur, c'est de toute cette fatalité que viennent nos passions et nos sentiments. Lorsque, au cours des six heures d'une marée, on reste, sans se lasser, sans connaître l'ennui d'une minute, à regarder les circuits de l'eau, ses avancées, ses retraits, ses élans pour revenir, il est bien difficile de ne pas voir là, dessiné sur cette grève en lignes absolument nettes, par les demi-cercles décrits aux découpures de la vague, par l'ourlet de l'écume, le graphique stupéfiant des allers et des retours de notre volonté, de nos victoires et de nos défaites, des terrains conquis et abandonnés, de notre vie recommencée tous les jours dans des conditions que nous ne saurions enfreindre. Nous sommes des parcelles errantes, soumises aux mêmes lois que la matière fixe.


L'Océan parle à la pensée, a dit Hugo. Il aide à faire comprendre un peu, comme le reste, la vie obscure où nous trouvons tous les problèmes, tous les mystères. Ce charme de la compréhension, on peut le trouver partout, dans un jardin minuscule où la merveille de la germination et du fleurissement s'accomplit, au creux d'un terrain où la géologie parle son langage éloquent et irréfutable. Mais nulle part, mieux qu'au bord de la mer, le travail de l'esprit et le repos du corps ne trouvent leur compte à la fois. La mer agit pour celui qui s'arrête au bord des flots, elle l'apaise et l'exalte à la fois, elle a des moments pour ensommeiller sa pensée, d'autres moments pour lui suggérer l'activité intellectuelle, l'action sociale. Elle chante la même chanson contradictoire et perpétuelle qui est en nous, que nous nous plaisons à entendre en dehors de nous, que nous ne nous lassons pas d'entendre.



Le portrait


Je l'ai vu, longtemps, sur le trottoir, appuyé contre la porte d'une boutique de marchand de meubles. C'était le portrait d'une femme vêtue à la mode de la Restauration, le col nu, l'épaule presque entièrement visible, robe noire à larges manches, coiffure relevée en coques au-dessus du front.

Presque chaque jour, je passais devant cette femme peinte et mon regard rencontrait son regard. Car elle regardait, et son visage était expressif. Il avait de la douceur, de la malice, un grand charme de vie, les prunelles absorbant la lumière, la bouche respirante, un petit nez gai et courageux, et, sur les joues ovales, cette coloration si jolie qui fait penser aux pêches et aux roses. Cette dame de 1820 me plaisait donc, et de plus, c'était un artiste sûr de son art qui avait été son portraitiste. Mais quoi ! la peinture était écaillée par places, par endroits aussi s'apercevait la trame de la toile, et je résistai longtemps aux invites muettes de cette délaissée. Jusqu'au jour de brouillard, de tristesse, où elle m'apparut si seule, si lamentable, exprimant si fortement la tristesse des choses, que je donnai au marchand les quelques pièces d'argent qu'il demanda, et que j'emportai cette personne inconnue, aux manches larges et aux cheveux en coques.

Il y a longtemps déjà, et je n'ai pas regretté ma détermination. J'ai placé la dame d'autrefois dans un cadre discret, au mur d'une chambre silencieuse. C'est là qu'elle sourit si finement, qu'elle semble si heureuse lorsque sonne l'heure à une pendule un peu vieillotte, et qu'elle s'anime d'un frisson de vie si étrange lorsqu'un reflet du feu vient raviver le rose de sa joue, éclairer jusqu'au fond ses prunelles.

C'est ce qui achève de mourir d'une vivante d'autrefois, cette peinture insensible. Mais il faut reconnaître la persistance de la vie, dans cette lente séduction d'un passant, dans ce triomphe obtenu par le pouvoir d'une souriante volonté féminine, dont il ne reste que l'image.

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