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Les "Paroles d'un solitaire" de Louis de Robert

"Est-il besoin d’être poète pour goûter cette ivresse chaste de l’âme à suivre là-haut ce nuage qui glisse, qui change de forme, qui se divise, qui se fragmente pour se dissoudre lentement dans un silence éternel ?"

Louis de Robert, Paroles d'un solitaire, 1924




Si le nom de Louis de Robert (1871-1937) évoque encore quelque chose, c'est qu'on l'associe aujourd’hui essentiellement à celui de Marcel Proust, à jamais vénéré. Comme Maurice Barrès et Anna de Noailles, Proust avait lui aussi beaucoup aimé sa lecture du Roman du malade, ouvrage de Louis de Robert en grande partie autobiographique, qui avait paru deux ans avant le premier volume de la Recherche du Temps perdu.

Le Roman du malade, ouvrage resté, encore aujourd’hui, le plus connu de Louis de Robert, lui valut le prix Femina en 1911. Il l’avait envoyé à Proust avec la mention « À Marcel Proust, son admirateur, Louis de Robert ». Proust, comme à son habitude, rendit une impression dithyrambique du livre, mais ce fut très certainement sincère : la grande proximité d’âmes entre le héros de Louis de Robert et le narrateur proustien, — sensibilité exacerbée, fragilité physique, acuité d’esprit… — est évidente, reflet des personnalités similaires des deux auteurs. Proust en fut sans doute lui-même conscient ; c’est d’ailleurs Louis de Robert qu’il sollicita pour relire, corriger, et donner ses impressions sur Du côté de chez Swann, achevé en 1912. Louis de Robert sera ainsi l’un des premiers lecteurs des épreuves, l'un de ceux qui dissuadèrent Proust d'abréger ce premier volume — comme Proust, qui avait compris la sensibilité de Louis de Robert, ce dernier avait lui aussi saisi l’importance de conserver la forme singulière de l’œuvre ­—, et ce fut également grâce à lui que l’auteur de La Recherche trouva son premier éditeur, Grasset. Reconnaissant, Proust lui offrit à son tour un exemplaire de Du côté de chez Swann, sur papier de Hollande, avec le bel envoi suivant : "A Monsieur Louis de Robert avec toute ma tendresse, ma reconnaissance et mon admiration, Marcel". Ces échanges nourrirent une amitié profonde, que Louis de Robert évoqua longuement dans deux ouvrages, Comment débuta Marcel Proust, lettres inédites (1925) et De Loti à Proust, souvenirs et confidences (1928). Significativement, Comment débuta Marcel Proust est le seul livre aujourd’hui réédité (paru chez L’Éveilleur, 2018) de cet auteur trop oublié. De 1894 à 1936, Louis de Robert avait pourtant publié une trentaine d’ouvrages, non dénués d’intérêt. Ironie du sort que cette hiérarchie inversée entre les deux écrivains, l’un étant passé à la postérité, l’autre ayant sombré dans l’indifférence. Nul n’aurait pu prédire l’ascension fulgurante de Proust et, inversement, la descente aux oublis, presque simultanée, de Louis de Robert.


Même son entrée dans le monde des Lettres avait été atypique. Malgré ses dons et son amour pour la littérature, il avait été contraint d’interrompre ses études à quinze ans, après le décès de son père, puis de prendre un poste d'employé de bureau. Il se tailla néanmoins une place, petit à petit, dans le monde littéraire, notamment grâce à un entretien avec Pierre Loti à l’occasion de son entrée à l’Académie française, en 1891. C’est d’ailleurs à Loti que sera dédié le Roman du malade. Zola, de qui il se rapprocha au moment de l’affaire Dreyfus, et Paul Hervieu, à qui est destinée la dédicace de son deuxième roman, Papa (1896), comptèrent alors parmi ses fréquentations. Il écrivit pour divers journaux, Gil Blas, L’Écho de Paris, Le Journal, avant de publier son premier roman, Un tendre, en 1894. Cette activité littéraire qui avait bien commencé fut suspendue en 1901 ; une pneumonie sévère contraignit Louis de Robert à de longs séjours répétés en sanatorium. Ces séjours inspirèrent l’écriture du fameux Roman du malade, publié dix ans après Le Partage du cœur (1901).

En 1919, il fit paraître un petit article au titre ravageur, « Flaubert écrivait mal », dans la jeune revue La Rose rouge, hebdomadaire qui s’était fixé pour objectif d’offrir aux lecteurs des écrits marqués par l’honnêteté et la liberté de ton, deux qualités déjà difficiles à trouver dans la presse de l’époque. Le but était aussi d’établir une sorte de défense des jeunes auteurs, ces fameux minores, dont le talent, souvent éclipsé par celui d'auteurs plus ouvertement reconnus ainsi que par le rabâchage de l’autorité intellectuelle, — critique littéraire comme universitaire —, pouvait peiner à se faire (re)connaître. L’ambition de la revue était intéressante, mais le numéro qui contenait l’article de Louis de Robert fut le dernier ; La Rose rouge disparut aussi vite qu’elle était arrivée dans le paysage éditorial, malgré son grand intérêt littéraire. Peut-être que contester le génie flaubertien, — en apparence uniquement ; le titre de l’article était, en vérité, bien plus provocateur qu’autre chose, puisque Louis de Robert démontrait le contraire de son assertion — était un choix trop osé, une subversion malvenue. Il s’agissait surtout, subtilement, de proposer une réflexion sur la nécessité de redistribuer le succès, la reconnaissance, les honneurs, délivrés parfois arbitrairement ou selon des intérêts parfois peu clairs. Peut-être l’amertume de s’être vu si rapidement ignoré joua-t-elle un rôle dans la genèse de cet article, bien que le propos du texte soit objectivement juste, équilibré, et sans acrimonie. Il est d’ailleurs exact qu’hormis Le Roman du malade, aucun des livres de Louis de Robert n’avait jamais vraiment été salué par la critique.


Les Paroles d'un solitaire, publiées en 1924, ne sont en un sens qu'une "suite naturelle" au Roman du malade, ainsi que Louis de Robert l’écrit lui-même à Paul Faure dans la dédicace de l’œuvre. Ce n'est plus là un roman, mais une sorte d'essai autobiographique sous forme de testament, empreint de philosophie, de poésie et de métaphysique, mêlant réflexions et confidences. "Si misérable que soit notre condition, la vie contient à notre usage quelques douces choses qu'il ne faut pas méconnaître ou négliger", écrit-il en préambule de cette œuvre très personnelle.

De caractère discret et indépendant, Louis de Robert eut une vie simple et sans histoires. Il vécut à Sannois avec sa femme Jeanne jusqu’à sa mort, à soixante-six ans.


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Paroles d'un solitaire

Extraits.


I


La condition, le rang, la fortune, les événements d’une existence eux-mêmes n’ont pas aux yeux du solitaire l’importance que leur accordent généralement les hommes.

J’ai cinquante ans. C’est l’époque de ma vie que je préfère. Quand il m’arrive de considérer un instant de mon passé, je me prends en pitié ; car il est rare que, depuis, je n’aie pas appris quelque chose et l’instant que je considère me paraît toujours situé dans une région inférieure et comme vu à l’étage au-dessous.

J’ai désiré tous les biens de ce monde : la fortune, la puissance, la gloire. Je n’ai gardé que le goût du travail, une grande curiosité d’esprit et le même enthousiasme pour tout ce qui est beau, grand ou juste. Le reste, je l’ai laissé derrière moi, sans regrets, sur ma route.


*

Hélas ! c’est un mauvais tour que nous joue parfois le Destin en nous accordant ce que nous souhaitons le plus. Si tu as un peu d’imagination, jeune homme, apprends que notre rêve est souvent la seule réalité et que, neuf fois sur dix, obtenir c’est perdre.


*


Mon existence ne fut point enviable, car le plus précieux de tous les biens, celui sans lequel on n’en peut goûter aucun autre, la santé, me fut toujours refusé. Et pourtant, j’accepterais de recommencer ma vie. Je souhaiterais même, si une nouvelle durée pouvait m’être octroyée, qu’elle eût pour point de départ l’instant où je suis parvenu.

A cinquante ans, je me sens délesté de tout fardeau inutile. Je n’ai plus de vanité, j’ai peu de besoins. Chaque pas que j’ai fait vers la sagesse m’a permis de connaître et d’atteindre ma vraie nature. Je sens avec évidence qu’à travers mille vicissitudes et quels que fussent les événements de ma vie, j’étais né pour devenir le solitaire que je suis.

La splendeur du jour, la douceur d’exister, la seule vue de mon jardin (est-il une œuvre d’art comparable à la forme d’un iris ?) une heure de rêverie, voilà des plaisirs modestes et négligeables, vous semble-t-il. C’est que vous ne savez pas jouir des choses essentielles et que vous ignorez la simple joie qu’on éprouve, seul, sans amis, quand rien ne vous distrait, à lever les yeux, à contempler ce jeu du vent et du nuage, ce spectacle toujours le même et jamais semblable, cette perpétuelle féerie qui se joue dans le ciel depuis le commencement du monde. Que de fois, sentant passer sur moi, à ras de terre, ce même vent qui régnait dans l’espace, j’ai tendu instinctivement l’oreille comme si sa voix lointaine m’apportait un mystérieux message !


Est-il besoin d’être poète pour goûter cette ivresse chaste de l’âme à suivre là-haut ce nuage qui glisse, qui change de forme, qui se divise, qui se fragmente pour se dissoudre lentement dans un silence éternel ?



II


Quelle grâce ont certains mots ! Comme le mot bruit est aigu et vibre dans l’air, comme le mot silence est reposant et doux ! Et ceux des saisons : hiver, ce n’est pas laid, hiver, c’est mat, discret, décoloré. Mais printemps, quel élan, quelle jeunesse ! Cela s’élance, c’est étoffé, pimpant, sonore, cela chante. Et l’été ! Est-ce que ce petit mot bref et bien équilibré ne peint pas admirablement, par sa forme écrite et le son de ses deux syllabes, la saison du milieu ? Graphiquement, cela figure une balance avec ses deux plateaux égaux : été. On peut l’aborder dans tous les sens, il est immuable. On peut le lire de gauche à droite et de droite à gauche, c’est toujours été. Et l’automne ! Quelle mélancolie ! Automne ! Ecoutez se prolonger le son qui, sans force pour s’élever, retombe. Cela endort l’oreille. Voyez comme son m suivi d’un n fait descendre par degrés la dernière syllabe et lui donne cette grâce triste de déclin...


(...)



VII


S’il meurt prématurément en pleine renommée quelqu’un dont on attendait beaucoup ou bien dans l’ombre quelque génie inconnu, la nature nous en donnera tôt ou tard la réplique, ai-je dit ailleurs. Ce qui doit être tend toujours à se réaliser. Une belle œuvre qui n’a pas eu le temps d’éclore ne s’anéantit pas avec le cerveau qui l’a conçue. Elle demeure en suspens et, quelque jour, elle s’achèvera dans un autre cerveau qui ne saura pas d’où elle lui est venue. De même une grande pensée naissante qui n’a pas été formulée. L’inspiration ne nous appartient pas. C’est une force que nous puisons hors de nous. Ce que nous croyons inventer nous est souvent suggéré par on ne sait quels échos, quels reflets que l’atmosphère a conservés de ce qui fut fait avant nous et que nous ignorons. Tout progrès réalisé une seule fois, même sans témoins, même à l’insu de tous, est acquis au trésor commun. Cet artisan a trouvé un jour un moyen pratique qui simplifie son travail : c’est un geste ingénieux, utile, auquel nul n’avait encore songé. Sa trouvaille est une chose infime dont il ne parle à personne et qui semble destinée à disparaître avec lui. Mais non : son geste n’est pas perdu. L’air en a pris l’empreinte. Un moule subtil s’est formé et, plus tard, demain ou dans un siècle, un homme croyant l’inventer refera ce geste parce qu’il aura rencontré, guidant sa main, une inspiration mystérieuse qui ne sera que la survivance dans l’air qui l’entoure du geste autrefois fait et comme demeuré invisible, dans l’espace, là, prêt à être reproduit.



VIII


Cette maison que j’ai bâtie au pied de la colline, dans cet enclos étroit et long qui n’était alors qu’un champ de pavots, est petite mais solide. Dans deux siècles, si ceux qui l’occupent après moi veillent à sa conservation, elle sera encore debout.

Or, parfois, je me plais à imaginer que dans cent, dans deux cents ans, un jeune homme studieux, pensif, aimant les lettres, viendra promener en ces lieux une âme de poète. Il ne saura rien de moi, ni mon nom, ni ce que je fis, ni même que j’existai. Certains aspects des choses auront changé. Aucun de ces arbres ne sera plus là. Mais la figure du ciel sera toujours la même. Assis, sans doute, à l’endroit que je préfère, il y verra défiler les chars lumineux, les nefs irisées des nuages. Le soleil pareillement se lèvera le matin en dorant la colline et se couchera derrière elle. La terre en tournant présentera vers cinq heures la façade ouest de la maison à son adieu quotidien. Moi, je reposerai dans cette même colline entre la plus tendre mère et ma chère Eugénie. J’aurai achevé depuis longtemps de restituer à la terre l’argile dont je fus formé. Nul fantôme, pas un souvenir, pas une ombre ne voltigeront dans cet étroit espace qui, pendant un quart de siècle, aura enclos ma vie. Tant de fois les peintures, les papiers d’ornement se seront succédé dans cette maison que rien de moi n’y subsistera, et les couches de vernis accumulées auront, sur la rampe de cet escalier de bois, effacé depuis longtemps la trace de ma main. Et cependant il suffira qu’un poète respire en ce lieu pour qu’en lui, obscurément, à son insu peut-être, quelque chose perçoive qu’un poète autrefois est passé par là. Il tournera la tête, croyant sentir une présence amie qu’il ne s’expliquera pas ; il interrogera l’air impénétrable et, cherchant à me découvrir, c’est lui-même qu’il découvrira. Alors tout ce qui m’a ému, enivré, soulevé jusqu’au délire, il l’éprouvera à son tour. Je ne serai plus que poussière, mais le souffle qu’il sentira passer sur lui viendra de ce que ces lieux furent hantés autrefois par un être solitaire, inquiet, rêveur, inachevé.

Ainsi je t’appelle, toi qui ne naîtras peut-être que dans deux siècles, toi dont la mère est encore dans ce néant sans nom où attendent les vies qui ne sont pas encore conçues. En toi frémira l’amour de la gloire. Les grands noms de Shakespeare, de Goethe, d'Hugo lus dans un dictionnaire éblouiront tes yeux et ta pensée. Les livres qui racontent les hauts faits de César, tu les sentiras, dans ta main, s’ouvrir d’eux-mêmes comme sous une poussée impérieuse. Tous les grands esprits éteints que ton admiration aura élus, les magnifiques amis de tes rêves, tu les interrogeras dans leur œuvre, tu les suivras dans leur vie ; tu referas les pas qu’ils ont faits. De cette manière tu entreras dans l’intimité de Pascal, de Montaigne, de Jean-Jacques ; tu les écouteras parler ; tu te compareras à eux. La trace de lumière qu’ils ont laissée dans le monde par leur exemple ou leur génie t’incitera à les imiter. Tu les sentiras, selon l’heure et les circonstances, revivre furtivement en toi. Un jour de fermeté d’âme tu te croiras Caton, et un jour de sagesse tu seras Socrate.

Ainsi je t’évoque. Une prédilection obscure te fera choisir ma chambre. Tout y sera nouveau, mais les fenêtres auront la même orientation. Par les nuits de mai, si tu laisses ouverte celle qui donne sur le jardin, tu entendras le rossignol si ardent, si ponctuel, si soumis à sa fonction que, pendant la guerre, quand les avions allemands survolaient Paris, quand tous les forts de la défense tonnaient à la fois et que la terre tremblait, lui, dédaigneux, innocent et royal, il chantait. La lune divinisait le paysage ; les pivoines expirantes avaient une faible odeur de roses. Il chantait. Autour de lui, la mort portée par le fer, le feu, la mitraille sillonnait l’espace ; la nuit se déchirait en mille endroits, comme une étoffe, sous l’éclatement des shrapnells qui scintillaient comme des paillettes. Les hommes dans leurs maisons rentraient la tête dans les épaules en entendant le miaulement sinistre des obus. Mais lui si petit, si frêle, ignorant le danger, il chantait à perdre sa voix.

Tu écouteras longuement cette voix si douce, si pure, si puissante qui exprime la poésie de l’arbre, des feuilles, de l’eau, de la terre et du ciel, cette voix qui met dans les cœurs séparés la nostalgie de l’absent. Tu imagineras sa petite tête chaude et vibrante pendant qu’il jette à la nuit ses notes de cristal et d’or avec une sorte de fièvre, d’enivrement, de démence, jusqu’au matin où, à bout de forces, il se taira enfin vaincu, le bec sous l’aile et croyant expirer.

Alors comme une apparition mystérieuse et sacrée, comme une visite auguste, attendue, toujours exacte, tu pourras, si tu es éveillé, voir se fixer sur la cloison qui fait face à la fenêtre le premier sourire du jour. Cette lumière rose, changeante, émouvante glissera sur la tenture selon une marche immuable, et cela chaque jour, tant que cette cloison sera là, tant que cette fenêtre sera ouverte, sans se tromper jamais. De même, l’hiver, parfois en février, vers deux heures de l’après-midi, à cause d’une particularité de la maçonnerie, tu verras soudain une petite fleur de feu éclore et palpiter sur le pan coupé de la cheminée. Courte flamme qui décroît de minute en minute et que j’ai tant de fois suivie des yeux ! Mais brusquement, comme si une bouche invisible avait soufflé dessus, tu verras, avec un soupir de regret, s’évanouir d’une façon magique la petite lueur qui aura traversé de si vertigineux espaces pour venir dans cette chambre apporter au poète le furtif bonjour du soleil. Mais je t’évoque surtout à cette heure adoucie de la fin du jour qui est comme l’automne de la journée. C’est l’été. Le soir qui se répand autour de toi est si doux qu’il fait songer à la brièveté de la vie. La fenêtre est ouverte. Tu écris. Il tombe sur ta feuille de papier le même éclairage qui, en ce moment, baigne la mienne. Tu écris avec une chaleur d’esprit qui refroidit tes mains. Je vois ton front ardent sous lequel le peu de beauté que je n’ai fait qu’entrevoir s’épanouit magnifiquement. Tu seras la réalisation éclatante des promesses que je portai, le cerveau achevé dont je ne fus que la chrysalide. Ainsi, ce que je n’ai fait qu’ébaucher trouvera en toi son expression parfaite, car ce qui me fut confus te sera clair ; et ce que je n’ai pu dire tu le diras.



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